Faire venir votre famille en Suisse en tant que citoyen de l’UE/AELE : quels sont vos droits ?
- Paul Richmond
- 3 juin
- 5 min de lecture

Pour de nombreux citoyens de l'UE et de l'AELE envisageant de s'installer en Suisse, la possibilité de faire venir des membres de leur famille proche est non seulement une priorité, mais aussi un facteur déterminant. Qu'il s'agisse de déménager pour travailler, de rejoindre un partenaire ou simplement pour bénéficier de la libre circulation, il est essentiel de comprendre ce que permet la législation suisse et comment ces droits sont appliqués en pratique.
Le droit d'être rejoint par ses proches est garanti par l'Accord sur la libre circulation des personnes (ALCP) entre la Suisse et l'Union européenne. Ce droit est énoncé à l'annexe I, article 3 de l'accord. Dans cet article, nous analysons la signification de cette disposition, expliquons son application concrète et expliquons ce que les citoyens de l'UE et de l'AELE doivent savoir lorsqu'ils envisagent de rejoindre leurs proches en Suisse.
Comprendre l'annexe I, article 3 de l'ALMP
L'annexe I, article 3 de l'ALCP constitue le fondement juridique du droit au regroupement familial des ressortissants de l'UE et de l'AELE résidant en Suisse. Il prévoit que les ressortissants des États de l'UE et de l'AELE qui résident ou s'installent en Suisse dans le cadre de l'accord peuvent être rejoints ou accompagnés par certains membres de leur famille proche . Ce droit s'applique, sans distinction de nationalité, au membre de la famille concerné.
En termes simples, cela signifie qu'un citoyen de l'UE ou de l'AELE peut faire venir sa famille en Suisse, même si son conjoint, son enfant ou son parent est ressortissant d'un pays extérieur à l'UE ou à l'AELE. Cette disposition vise à garantir que le droit à la libre circulation ne soit pas compromis en empêchant les personnes de vivre avec leur famille proche.
Qui est considéré comme un membre de la famille ?
Conformément à l'article 3 de l'annexe I, les membres de la famille autorisés à rejoindre ou à accompagner un ressortissant de l'UE ou de l'AELE en Suisse comprennent le conjoint ou le partenaire enregistré, les enfants et petits-enfants de moins de 21 ans, ainsi que les enfants et petits-enfants à charge de plus de 21 ans. Il en va de même pour les enfants et petits-enfants du conjoint ou du partenaire enregistré. En outre, les parents et grands-parents du ressortissant de l'UE/AELE et de son conjoint ou partenaire sont couverts par cette disposition, à condition qu'ils soient financièrement à charge.
La portée de ce droit est volontairement large, reflétant l'approche générale de l'UE en matière de libre circulation et d'unité familiale. Il est important de noter que la définition d'un membre de la famille admissible repose sur la nature de la relation et, dans certains cas, sur le degré de dépendance financière, plutôt que sur la citoyenneté.
Quand et comment les membres de la famille peuvent-ils adhérer ?
Le droit au regroupement familial au titre de l'ALCP ne dépend pas de l'installation préalable du citoyen de l'UE ou de l'AELE en Suisse. Un membre de la famille peut accompagner le citoyen de l'UE/AELE lors de son installation initiale en Suisse ou le rejoindre ultérieurement. Dans les deux cas, le principe fondamental est que le citoyen de l'UE/AELE exerce son droit à la libre circulation en résidant en Suisse en tant que travailleur, demandeur d'emploi, prestataire de services, personne économiquement autonome ou étudiant.
En pratique, les membres de la famille devront demander un permis de séjour (généralement un permis B) auprès de l'autorité cantonale des migrations du ressortissant de l'UE/AELE. Cette procédure implique la présentation de justificatifs du lien familial, tels que des actes de mariage ou de naissance, et, dans certains cas, une preuve de dépendance. Les autorités suisses exigent également que le parrain dispose de moyens financiers suffisants pour subvenir aux besoins de la famille et d'un logement convenable pour tous les membres du foyer.
Droits des membres de la famille une fois en Suisse
Une fois le permis de séjour accordé, les membres de la famille bénéficient de nombreux droits en vertu du droit suisse et européen. Plus particulièrement, les conjoints et partenaires enregistrés ont le droit d'exercer une activité salariée ou indépendante en Suisse sans avoir besoin d'un permis de travail distinct. Ceci est une conséquence directe des droits de libre circulation accordés aux membres de la famille en vertu de l'ALCP.
Les enfants en âge scolaire peuvent s'inscrire dans les écoles suisses, tandis que les membres de leur famille ont généralement accès aux soins de santé, aux services sociaux et aux autres prestations publiques au même titre que les citoyens de l'UE ou de l'AELE. Avec le temps, les membres de leur famille peuvent également prétendre à la résidence permanente et, à terme, à la naturalisation, bien que ces conditions soient soumises à des critères et à des conditions de résidence distincts.
Considérations juridiques et pratiques
Bien que le droit au regroupement familial soit clairement établi par la loi, les autorités suisses conservent un pouvoir discrétionnaire quant à l'application de certaines conditions, notamment en ce qui concerne la preuve de dépendance, les ressources financières et les conditions d'hébergement. Il est donc essentiel d'aborder la procédure de demande avec prudence et de s'assurer que tous les documents requis sont réunis.
Certains cas présentent des difficultés particulières. Par exemple, les enfants majeurs et les parents âgés doivent démontrer leur dépendance financière, ce qui peut impliquer de fournir des documents financiers détaillés et des justificatifs. Dans le cas des partenaires hors mariage, la LCP ne confère pas automatiquement de droit au regroupement familial, bien que certains cantons puissent l'autoriser de manière discrétionnaire, en fonction de la solidité et de la stabilité de la relation.
De même, si le ressortissant de l’UE ou de l’AELE n’est pas économiquement actif – comme un étudiant ou un retraité – le droit au regroupement familial peut dépendre de la possession d’une assurance maladie complète et de ressources suffisantes pour éviter de devenir une charge pour le système d’aide sociale suisse.
Les citoyens suisses de retour et l'ALMP
Il convient de noter que les citoyens suisses de retour en Suisse après avoir exercé leur droit de libre circulation dans un autre pays de l'UE ou de l'AELE peuvent, dans certains cas, se prévaloir de l'ALCP pour faire venir avec eux des membres de leur famille non suisses. Ce principe, issu de la jurisprudence européenne, vise à prévenir toute discrimination à rebours à l'encontre des ressortissants suisses ayant exercé leur droit de libre circulation à l'étranger. Il s'agit toutefois d'un domaine juridique complexe qui nécessite généralement un avis juridique.
Conclusion
Le droit de faire venir des membres de sa famille en Suisse, en vertu de l'annexe I, article 3 de l'ALCP, est un avantage fondamental de la citoyenneté de l'UE et de l'AELE. Si ce principe est bien établi, la procédure de demande peut comporter des nuances juridiques et des obstacles pratiques. Une planification adéquate et une compréhension claire des exigences peuvent faire la différence entre un regroupement familial simple et une demande prolongée ou refusée.
Pour ceux qui souhaitent s'installer en Suisse avec leur famille, ou pour les citoyens de l'UE/AELE résidant déjà en Suisse et souhaitant être rejoints par leurs proches, il est conseillé de bénéficier d'une assistance juridique professionnelle. Un conseiller en immigration qualifié peut vous aider à respecter les lois suisses et européennes, à préparer un dossier solide et à surmonter les difficultés éventuelles.
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