Les partenaires non mariés peuvent-ils bénéficier du regroupement familial en Suisse ?
- Paul Richmond
- 13 juin
- 6 min de lecture

Pour les couples engagés dans une relation, vivre ensemble est un élément naturel et important de la construction d'une vie commune. En Suisse, les règles relatives au regroupement familial sont bien établies pour les conjoints et les partenaires enregistrés. Cependant, pour les personnes non mariées ou vivant en partenariat légalement reconnu, la situation juridique est beaucoup moins simple. Il n'existe pas de visa suisse spécifique pour les partenaires non mariés ni de visa suisse pour concubinage, et les couples non mariés ne bénéficient pas des mêmes droits que les personnes bénéficiant d'un statut légal officiel. Malgré cela, dans certains cas, il est toujours possible pour un partenaire non marié de rejoindre son proche en Suisse, même si cela nécessite de remplir des conditions strictes, généralement par une voie légale exceptionnelle.
Le cadre juridique : pas de droit général pour les partenaires non mariés
En vertu de la loi fédérale sur les étrangers et l'intégration (LEI) , les dispositions relatives au regroupement familial s'appliquent aux conjoints, aux partenaires enregistrés et aux enfants mineurs. Les partenaires non mariés ne sont pas expressément inclus dans ces catégories. Par conséquent, un ressortissant étranger vivant en union libre avec un citoyen suisse ou un résident étranger ne bénéficie pas automatiquement d'un droit de séjour sur cette seule base.
Contrairement à d'autres juridictions qui reconnaissent la cohabitation de longue durée comme motif de regroupement familial, la législation suisse sur l'immigration reste plus restrictive. Il n'existe pas de procédure formelle de demande de visa de partenariat suisse, et les demandes des partenaires non mariés ne sont pas traitées selon les catégories habituelles d'immigration. Elles relèvent plutôt d'une catégorie entièrement différente : celle des demandes discrétionnaires et humanitaires.
Exceptions humanitaires en droit suisse
Dans les cas où les conditions légales habituelles ne sont pas remplies, l'article 30, paragraphe 1, point b), de la LEIP permet aux autorités suisses d'accorder un permis de séjour à titre exceptionnel en cas de graves difficultés personnelles. Les autorités tiennent également compte des obligations de la Suisse en vertu du droit international, notamment de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme (CEDH), qui protège le droit au respect de la vie privée et familiale.
Bien que ces dispositions offrent une voie possible aux partenaires non mariés, le seuil de réussite est élevé. La relation doit être stable, durable et comparable à un mariage ou à un partenariat enregistré. Les autorités examineront également attentivement si le couple pourrait raisonnablement vivre ensemble dans un autre pays et si les difficultés causées par la séparation dépasseraient les difficultés émotionnelles liées à la séparation. Chaque demande est évaluée individuellement, et son succès dépend de la solidité des preuves présentées et de la situation du couple.
En pratique, l'application de ces dispositions humanitaires peut varier d'un canton à l'autre. Certaines autorités cantonales peuvent adopter une interprétation plus prudente des difficultés personnelles, tandis que d'autres peuvent être plus réceptives aux arguments fondés sur l'intégration, la vulnérabilité ou l'impossibilité de relocalisation. Dans certains cas, les décisions peuvent également refléter des arrêts pertinents du Tribunal fédéral suisse ou de la Cour européenne des droits de l'homme, notamment lorsque l'article 8 de la CEDH est invoqué pour la protection de la vie familiale. Par conséquent, les demandes humanitaires présentées par des partenaires non mariés nécessitent non seulement des preuves factuelles solides, mais aussi une compréhension approfondie de la manière dont les différentes autorités appliquent le droit en pratique.
Établir une candidature solide
Pour que la demande de permis de séjour pour raisons humanitaires soit prise en considération, le couple doit prouver l'existence d'une relation authentique et durable. Il peut s'agir d'une preuve de concubinage, d'un accord financier commun, de contacts réguliers sur une période significative et de projets d'avenir communs. Les autorités s'attendront également à connaître les raisons pour lesquelles le couple ne peut tout simplement pas vivre ensemble hors de Suisse, par exemple pour des raisons professionnelles, de santé ou juridiques.
Par exemple, un ressortissant suisse et son partenaire peuvent avoir vécu ensemble à l'étranger pendant plusieurs années, louant un logement ensemble et se soutenant financièrement. Si le couple retourne ensuite en Suisse et constate que le partenaire étranger ne peut rester faute de visa, il peut envisager de déposer une demande pour raisons humanitaires. Si le retour dans le pays du partenaire n'est pas envisageable – par exemple en raison de l'instabilité politique, de restrictions d'emploi ou d'une vulnérabilité personnelle – les autorités peuvent être invitées à envisager une exception aux règles générales.
Parallèlement, les demandeurs doivent démontrer que le refus du permis de séjour entraînerait de graves difficultés personnelles. Celles-ci peuvent être liées à la santé du partenaire, à ses responsabilités familiales, à sa forte intégration en Suisse ou à d'autres facteurs rendant la séparation particulièrement difficile ou déraisonnable. Ces difficultés doivent être impérieuses et dépasser les attentes habituelles d'un couple vivant dans des pays différents.
Un processus discrétionnaire et imprévisible
Contrairement aux demandes classiques de regroupement familial, il n'existe pas de procédure fixe pour déposer une demande en tant que partenaire non marié. Les demandes sont généralement adressées par écrit à l'autorité cantonale des migrations et accompagnées de documents démontrant la nature de la relation et les raisons justifiant une dérogation aux règles habituelles. Certains cas peuvent également nécessiter une autorisation fédérale du Secrétariat d'État aux migrations (SEM).
Les décisions peuvent prendre du temps et varier d'un canton à l'autre. En cas de refus, il est souvent possible de faire appel, à condition que le cas soulève des questions de droit ou de proportionnalité.
Toutefois, les appels peuvent également prendre plusieurs mois et il est généralement conseillé de présenter la demande la plus solide possible dès le départ pour éviter tout retard ou complication inutile.
Certains couples dans cette situation envisagent le mariage ou le partenariat enregistré comme moyen de régulariser leur statut et d'accéder à la procédure classique de regroupement familial. Dans de nombreux cas, cette solution peut offrir une solution plus claire et plus prévisible. Cependant, ce n'est pas toujours possible. Des obstacles juridiques ou pratiques – tels que l'impossibilité de se marier en raison de la législation du pays d'origine, d'un séjour limité en Suisse ou de circonstances personnelles – peuvent rendre la formalisation impossible à court terme. Lorsque le mariage n'est pas une option immédiate, une demande humanitaire peut constituer la seule voie viable.
Un chemin étroit, mais pas impossible
Bien qu'il n'existe pas de visa suisse spécifique pour les partenaires non mariés, ni de voie ordinaire permettant aux couples non mariés de vivre ensemble en Suisse dans le cadre du regroupement familial, une voie limitée existe grâce aux exceptions humanitaires. Bien que ces demandes soient soumises à un certain degré d'appréciation et nécessitent une préparation minutieuse, elles peuvent aboutir lorsque la relation est bien documentée et que les circonstances individuelles sont convaincantes. Les autorités suisses examinent attentivement les demandes des partenaires non mariés, en particulier lorsque le déménagement n'est pas une option réaliste et que la séparation entraînerait de réelles difficultés.
Le succès d'une telle demande dépend non seulement des faits relatifs à la relation, mais aussi de la manière dont ils sont présentés. Une demande structurée et bien étayée peut faire toute la différence, aidant les autorités à comprendre la situation du couple et à déterminer si elle relève du champ d'application du pouvoir discrétionnaire humanitaire. L'absence de catégorie formelle ne signifie pas que la porte est fermée ; elle doit plutôt être ouverte avec prudence et conviction.
Certains couples peuvent également envisager d'officialiser leur relation par le mariage ou le partenariat enregistré, soit avant l'arrivée, soit après le regroupement familial par une autre voie d'immigration. Dans certains cas, cela peut offrir une voie juridique plus claire et plus prévisible. Cependant, lorsque le mariage n'est pas immédiatement possible, ou lorsque des obstacles juridiques ou pratiques empêchent la formalisation, la voie humanitaire reste une alternative valable et légale.
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