Qu’est-ce qui crée un « lien fort » avec la Suisse pour les retraités ?
- Paul Richmond
- 7 juil.
- 6 min de lecture

La Suisse offre un mélange unique de neutralité politique, de sécurité, de qualité des soins et de beauté naturelle, ce qui en fait l'une des destinations de retraite les plus attrayantes au monde. Pour de nombreux retraités en quête de stabilité et de qualité de vie, s'installer en Suisse est un rêve de longue date. Cependant, pour les ressortissants de pays non membres de l'UE/AELE, l'obtention d'un permis de séjour pour prendre sa retraite en Suisse est une procédure sélective et discrétionnaire. Les candidats doivent non seulement prouver leur autonomie financière, mais aussi démontrer un lien fort – ou, comme le précisent les textes juridiques, des liens personnels particuliers – avec la Suisse.
Cet article explore la manière dont les autorités suisses définissent et évaluent ces liens, en s'appuyant sur la loi sur les étrangers et l'intégration (LEI), l'ordonnance sur l'admission, le séjour et l'emploi (OASA), les directives officielles du SEM et la jurisprudence du Tribunal administratif fédéral (TAF). Il fournit également des conseils pratiques aux candidats souhaitant établir ou démontrer l'intensité de leurs liens avec la Suisse.
Fondements juridiques : article 28 FNIA et article 25, paragraphe 2, OASA
La base légale pour l'admission des retraités étrangers en Suisse est définie à l'article 28 de la loi fédérale sur les étrangers et l'intégration (LEI). Cet article dispose que :
Les ressortissants étrangers qui n’exercent plus d’activité lucrative peuvent être admis si :
a. ils ont atteint un âge minimum fixé par le Conseil fédéral;
b. ils ont des relations personnelles particulières avec la Suisse ; et
c. ils disposent des moyens financiers nécessaires.
Ces trois conditions sont cumulatives, ce qui signifie qu'un demandeur doit les remplir toutes pour être admissible. En pratique, l'âge minimum est fixé à 55 ans ou plus, et l'exigence de ressources financières implique de prouver son autonomie financière sans dépendre des fonds publics suisses.
L'élément crucial et souvent le plus examiné est l'alinéa b : « relations personnelles particulières avec la Suisse ». Ce point est précisé dans la disposition d'application – l'article 25(2) de l'Ordonnance sur l'admission, le séjour et l'emploi (OASA) – qui précise ce que peuvent constituer de tels liens.
Selon l'article 25(2), des liens personnels particuliers existent notamment :
Lorsque le demandeur peut prouver qu'il a séjourné dans le passé en Suisse pendant des périodes relativement longues, notamment pour des vacances, une formation ou un emploi rémunéré ; ou
Lorsqu'ils ont des relations étroites avec des proches en Suisse, notamment des parents, des enfants, des petits-enfants ou des frères et sœurs.
Toutefois, la présence de ces facteurs ne garantit pas à elle seule une issue positive. La décision finale appartient aux autorités cantonales, sous réserve de l'approbation préalable du Secrétariat d'État aux migrations (SEM), et est évaluée à la lumière du texte de loi et de l'évolution de la jurisprudence.
Interprétation de l'exigence de « liens étroits » ou d'une « connexion forte »
La directive SEM offre des orientations supplémentaires, notant que des liens étroits sont présumés lorsqu'un individu :
A effectué dans le passé des séjours assez longs ou répétés en Suisse, notamment dans le cadre de vacances ;
Entretient des relations étroites avec sa famille immédiate en Suisse ;
Ou a des origines suisses.
Toutefois, le SEM précise également que la possession de biens immobiliers ou l'existence d'intérêts commerciaux ne sont pas déterminantes en soi. Ces facteurs, bien que potentiellement favorables, ne peuvent se substituer à de véritables liens personnels ou socioculturels.
La jurisprudence du Tribunal administratif fédéral suisse (TAF) a renforcé cette interprétation stricte. Dans des décisions telles que C-6349/2010 et C-797/2011, le tribunal a précisé que les liens personnels requis doivent être avec la Suisse elle-même , et non pas simplement avec des proches résidant dans le pays.
À ce titre, les personnes doivent démontrer qu'elles ont développé une relation indépendante et identifiable avec la société, les coutumes et le mode de vie suisses, au-delà de la proximité familiale. Cela peut inclure un engagement auprès des autorités locales, une participation à des événements communautaires ou culturels, et des contacts réguliers et constructifs avec les habitants.
Qu’est-ce qui ne constitue pas une connexion forte ?
Les autorités suisses souhaitent empêcher l'utilisation abusive du permis de retraite comme moyen de résidence passive ou de placement. Par conséquent, plusieurs « liens » fréquemment cités ne suffisent pas à eux seuls :
Propriété immobilière : Être propriétaire d’un logement en Suisse ne suffit pas sans un engagement personnel ou culturel.
Activité commerciale ou d’investissement : Les intérêts commerciaux ne sont pas pertinents pour une demande de retraite et peuvent même indiquer une mauvaise catégorie de résidence.
Parents seuls : Avoir de la famille en Suisse peut aider, mais cela n'est pas suffisant à moins d'être associé à des liens personnels ou socioculturels directs avec le pays lui-même.
En bref, les candidats doivent aller au-delà des liens papier ou de la présence économique. Ils doivent démontrer qu'ils ont participé activement à la vie suisse ou qu'ils déploient de réels efforts pour s'intégrer.
Construire et démontrer des liens personnels et socioculturels
Compte tenu de l'interprétation stricte de l'exigence de « lien fort », les candidats doivent adopter une approche proactive et fondée sur des preuves. Si vous envisagez de prendre votre retraite en Suisse, envisagez les moyens suivants pour établir et documenter vos liens au fil du temps :
Commencez par visiter la Suisse régulièrement et pour des périodes prolongées. Un historique cohérent de vacances, de séjours saisonniers ou de séjours de longue durée démontre que vous connaissez bien le pays et que vous avez développé une affinité pour ses régions, sa culture et son mode de vie. Tenez un carnet de voyage détaillé indiquant la durée et la nature de vos séjours.
Si ce n'est pas déjà le cas, interagissez avec les communautés locales lors de vos visites. Cela peut inclure la participation à des fêtes de village ou de ville, des expositions, des conférences publiques ou des concerts. L'adhésion à des associations culturelles ou à des groupes sociaux, notamment ceux qui favorisent l'intégration ou mettent en relation des étrangers avec des Suisses, peut également être une étape précieuse.
Il est essentiel de nouer des relations avec les habitants locaux en dehors de votre cercle familial. Des interactions régulières avec les voisins, les commerçants, les communautés religieuses ou les élus locaux contribuent à refléter un lien personnel avec la société suisse. Si vous avez noué des amitiés en Suisse, pensez à joindre à votre candidature des lettres de soutien ou des photos d'activités partagées.
Apprendre la langue locale, ou du moins démontrer des efforts dans ce sens, est un autre facteur important. Bien que la loi ne soit pas une obligation stricte pour les retraités, un intérêt manifeste pour l'acquisition de compétences en allemand, français ou italien contribue à renforcer les liens culturels et à affirmer le respect des valeurs civiques suisses.
Enfin, si vous avez des ancêtres suisses ou des expériences passées en Suisse – comme un emploi, des études universitaires ou un séjour dans votre enfance – ces éléments doivent être clairement documentés et inclus dans votre dossier. Ces liens historiques peuvent servir de fondement à votre attachement actuel au pays.
Réflexions finales : Prouver une connexion forte nécessite de la profondeur, pas seulement de la durée
Le permis de séjour suisse pour retraités offre aux ressortissants de pays hors UE/AELE une opportunité unique de profiter d'une retraite digne, sûre et culturellement riche. Cependant, il n'est accordé qu'à ceux qui peuvent démontrer qu'ils ne sont pas étrangers au pays, mais qu'ils ont déjà développé un lien significatif et identifiable avec la Suisse.
Les dispositions légales (article 25 al. 2 OASA) ainsi que l'interprétation du SEM et des tribunaux suisses exigent plus que des liens superficiels ou économiques. Les demandeurs doivent prouver qu'ils se sont intégrés, même progressivement, au tissu culturel et social de la Suisse.
Avec du temps, un engagement réfléchi et un accompagnement juridique adapté, il est possible de construire un lien authentique répondant à ces exigences élevées. Pour ceux qui envisagent sérieusement de s'installer en Suisse pour leur retraite, il n'est jamais trop tôt pour commencer à rassembler les éléments qui constitueront un jour la clé d'une candidature réussie.
Si vous souhaitez un soutien professionnel pour évaluer votre éligibilité ou préparer une demande de résidence de retraite en Suisse , notre équipe de Richmond Chambers Suisse peut vous aider avec des conseils stratégiques personnalisés.